Parole d’un Elu local
Docteur Jacques CHABAL
Maire de Le Cheylard (Ardèche)
Président de la Communauté de Communes VAL’EYRIEUX
LA RURALITE
La ruralité est indispensable existentielle, sinon où vivrons les millions de personnes, et nos enfants demain ?
Comme le dit Guilluy, « une majorité de la population se sent dépossédée de tout ce qui la constituait ».
À l’aventure idéologique et l’impasse métropolitaine, la ruralité et ses valeurs (civilisationnelles), sa réalité (conservatrice et moderne) s’imposera.
La Ruralité doit anticiper pour ne pas devenir « une campagne refuge ».
On peut et on doit retrouver les valeurs rurales dans les métropoles en luttant contre ce « progressisme » inhumain, qui pousse à la disparition même de l’homme.
La Ruralité c’est aussi une ambition collective, qui existe au quotidien. Il n’y a pas en ruralité de désaffection de la valeur-travail. Aller de l’avant reste un challenge partagé.
Le retour à la terre n’est pas qu’une question agricole, paysanne, c’est aussi un partage de patrimoine de vie en commun avec un lieu et un lien, mais aussi une bataille pour ne pas devenir un « espace de silence ».
Les ruraux ont encore envie de changer le monde, non par idéologie béate, mais par enracinement nécessaire et avec une grande volonté de réussir cette mutation sociétale. La société rurale, c’est aussi une perspective de territoire, une « boussole mentale » toujours présente, dissociée de ce qui se passe chez les élites.
L’urbanisme, depuis plus de 25 ans tend à faire disparaître cette ruralité active, à développement économique, touristique, agricole…
Les dernières orientations gouvernementales comme les zones ZAN, les ZFE … et autres obligations urbanistiques (parisiennes/centralisatrices) n’y feront rien ; la réalité ici également devrait s’imposer car elle est génétique à l’homme rural, mais il faudra beaucoup de volonté de la part des élus locaux et une grande confiance avec les citoyens éclairés pour parvenir à un renversement de l’évolution actuelle, tant le poids de l’administration centrale et son rouleau compresseur médiatique est important. Une partie non négligeable de la ruralité pourra difficilement retrouver une normalité antérieure, l’esprit péri-urbain s’étant déjà trop intégré aux modes de vie actuels.
Il faut donc inventer dans une société humaine avec valeur conservatrice, une autre définition de la vie en société locale et rurale. Le Mouvement Conservateur y est prêt.
Tout ceci dans la dignité du combat pour une attractivité, une désirabilité de ces territoires qui apparaîtront ensuite comme neufs aux yeux de beaucoup.
Les valeurs rurales, il y a peu, ont rendu possibles nos réussites… avant que l’Etat « contrôle jacobin » ne les étouffent.
NB 1 : il faudra enfin que les représentants de l’Etat dans chacun de nos départements se mettent à l’écoute des besoins de la population et des besoins véritables du territoire pour assurer un avenir équivalent sinon supérieur aux métropoles envahissantes. Les élus sont responsables.
NB 2 : Le match retour ou la revanche se fera entre métropoles et ruralité active.
Deux écueils importants : une société inéluctablement gérontologique et le coût de l’urbanisme rural dévoyé qui risquent d’exclure les jeunes de leurs territoires.
NB 3 : Le retour à la terre pose un enjeu important de rééquilibrage entre les métropoles trop denses et les territoires qui le sont moins. Et quid des classes moyennes, qui, pour certaines seront bientôt chassées de certaines métropoles… : où pourront-elles être accueillies et comment ?
NB 3 : Guilluy et Fourquet ont raison tous les deux dans leur raisonnement : que ce soit pour les notions de « France périphérique », de « gens ordinaires » …, la limitation de la souveraineté individuelle, des « salariés de l’ombre » par rapport à « la France AAA ».
C’est un enjeu structurant pour la ruralité : gagner en population non seulement pour faire tourner la machine, mais pour recréer un espace sociétal où l’on savoure la vie, le joyeux, la fraternité…
Car où peut-on humaniser le mieux ? Où peut-on appréhender le cours, moyen et long terme ?… Sinon en communauté ?
Le Cheylard, le 11 Novembre 2022